Revolut pour faire du trading à petit prix ? Mon avis complet

Revolut est une néo-banque proposant des tarifs très compétitifs pour les paiements à l'étranger. Depuis quelques mois, elle propose aussi un compte pour faire du trading sur des actions américaines, à des prix défiant toute concurrence. Même si l'offre est très alléchante, ne vous laissez pas séduire aveuglément : le trading est un jeu à somme nulle où rares sont les particuliers qui arrivent à produire des gains réguliers. Si vous êtes conscient des risques de pertes, alors pourquoi pas tester ces formules très avantageuses pour un trader actif. Sinon, si vous cherchez un système de paiement à faible coût pour l'étranger (en complément de votre banque habituelle), je vous conseille plutôt le concurrent N26 qui a le mérite d'être situé en zone européenne.

Revolut est une néo-banque proposant des tarifs très intéressants à l'étranger

Revolut est une entreprise britannique créée en 2014 dans le domaine de la fintech, cette nouvelle industrie censée révolutionner les services financiers et dont on entend de plus en plus parler dans les médias. Pour simplifier, une entreprise de la fintech est une startup qui propose des services financiers. Ce sont les nouveaux concurrents des banques traditionnelles et des banques en ligne.

Concrètement, Revolut est une néo-banque qui offre une large gamme de services pour les particuliers :
  • Ouverture d'un compte bancaire en quelques minutes sans frais ni justificatif de revenus
  • Application mobile performante pour gérer entièrement son compte et ses paiements
  • Des frais extrêmements faibles voire souvent nuls pour les retraits et les paiements à l'étranger, dans plus de 100 devises différentes
  • Un choix de plusieurs cartes de paiement différentes, gratuite ou payante, en fonction des services proposés
  • Possibilité d'acheter et de vendre des actions américaines à des tarifs quasiment imbattables
  • Possibilité d'acheter et de vendre des cryptomonnaies comme le Bitcoin ou l'Ethereum
Elle est devenue rapidement la première licorne britannique dans le secteur financier (jeune société valorisée à plus d'un milliard de dollars). Contrairement à une banque traditionnelle, Revolut ne permet pas d'être à découvert et ne propose ni prêt, ni assurance, ni compte épargne, et encore moins une assurance-vie ou un PEA. Revolut s'adresse donc à une population bien ciblée ou comme un complément à sa banque habituelle.

Du trading d'actions sur les marchés américains à des prix imbattables

Le vrai atout de Revolut qui a fait beaucoup parler auprès des investisseurs particuliers, c'est son compte de trading très avantageux pour celles et ceux qui veulent boursicoter sur les marchés actions américains. En effet, la néo-banque propose un compte-titres pour acheter et vendre plus de 300 valeurs de la bourse de New York. Plusieurs formules existent et proposent des tarifs défiant toute concurrence :
  • Si vous avez le compte le plus haut de gamme Metal à 13,99 € par mois, vous pouvez passer jusqu'à 100 ordres de bourse gratuitement par mois
  • Si vous avez le compte premium à 7,99 € par mois, vous pouvez passer jusqu'à 8 ordres gratuitement par mois, et les frais de gestion sont prélevés annuellement à hauteur de 0,01 % du compte-titres valorisé
  • Si vous avez le compte standard gratuit, vous pouvez passer jusqu'à 3 ordres gratuitement par mois, et les frais de gestion sont prélevés annuellement à hauteur de 0,01 % du compte-titres valorisé
Si vous pensez être le roi ou la reine du trading, la formule Metal à 13,99 € est clairement imbattable. Sinon, les autres formules défient aussi toute concurrence, si vous ne comptez pas faire du daily trading (c'est-à-dire ne pas faire plusieurs ordres boursiers tous les jours). Les frais de gestion annuels à 0,01 % sont extrêmement faibles et n'impacteront pas vos performances, même sur le long terme.

Le trading : un jeu à somme nulle

Si Revolut propose donc une offre vraiment très intéressante pour les traders particuliers, il ne faut cependant pas oublier les risques et l'intérêt de cette activité. Sachez que d'un point de vue purement mathématiques et financier, le trading reste un jeu à somme nulle. Cela signifie que les gains des uns se font sur les pertes des autres. Cela est différent pour l'investissement où les gains sont obtenus grâce au "versement" (sous forme de dividende ou en hausse du prix de l'action) d'une partie de la richesse créée par les entreprises.

Selon moi, les particuliers n'ont aucun intérêt financier à pratiquer du trading, éventuellement pour se "divertir" comme certains le font avec les jeux de hasard. Mais il est illusoire de croire qu'un particulier fera mieux que des millions de professionnels armés d'algorithmes pointus pour traiter l'ensemble des informations disponibles dans le monde, en temps réel.

Attention, je ne dis pas qu'un particulier ne gagnera jamais d'argent avec le trading : c'est déjà arrivé et les preuves ne manquent pas... Mais cela est simplement dû au hasard. Comme on dit souvent : tous les gagnants au Loto ont déjà joué au moins une fois... Mais tous les perdants ont aussi joué, et ce sont leurs pertes qui ont fait les gains des gagnants ! Généralement, les particuliers gagnent en faisant du trading lorsque les marchés suivent une tendance haussière. En effet, l'achat puis revente reste l'activité la plus courante. Les ventes à découvertes sont moins utilisées car plus risquées avec le risque de voir ses positions liquidées brutalement (en effet, sur une vente à découvert, on peut perdre plus que ce qu'on a misé car les actions peuvent monter très haut, alors qu'elles ne tomberont pas plus bas que zéro).

Je pense donc que le trading n'est pas intéressant et ne devrait pas être pratiqué par des particuliers, sauf sur des sommes qu'ils n'ont pas peur de perdre pour s'amuser. Pour ces raisons, même si l'offre de Revolut parait très séduisante et intéressante, elle est aussi très risquée car elle pourrait vous pousser à prendre des risques inutiles dans vos investissements. Moins les frais de courtage sont chers, et plus vous serez soumis à la tentation de prendre des risques... De plus, n'oubliez pas qu'en dehors du cadre du PEA, vos plus-values issues de votre compte-titres seront soumises à l'impôt sur les revenus dont l'impact est très important sur votre performance à long terme.

Conclusion

Mon avis personnel est que Revolut est une néo-banque qui s'adresse avant-tout à celles et ceux qui voyagent beaucoup, et qui paient régulièrement dans de nombreuses devises étrangères. Sa principale concurrente, N26, la néo-banque allemande propose aussi des tarifs imbattables pour les voyageurs. Personnellement, concernant les paiements à l'étranger, je préfère N26 car ses tarifs sont plus transparents et clairs. De plus, N26 n'est pas soumise aux aléas du Brexit qui pourrait impacter le fonctionnement de la néo-banque pour les Européens. Enfin, N26 possède la garantie européenne des dépôts à 100 000 €, contrairement à Revolut .

Concernant le compte trading proposé par Revolut, il est évident qu'il est très avantageux, surtout si vous êtes un boursicoteur régulier et que vous aimez spéculer sur les valeurs américaines. Attention toutefois : en dehors du cadre du PEA, les gains réalisés au travers du trading sont soumis à l'impôt sur les revenus et l'impact sur votre performance boursière est considérable dès lors que vous faites partie de la moitié des foyers fiscaux qui paient l'impôt sur les revenus. En effet, je vous rappelle que les tranches d'imposition sont de 11 %, 30 %, 41 % et 45 %. Donc si vous êtes imposé à 30 %, si vous arrivez à dégager un gain de 4 % annuel, cela ne sera plus que de 2,8 % sans compter les prélèvements sociaux (17,2 % aujourd'hui, donc un gain net de 2,1 % seulement...).

De plus, contrairement à ce que pensent beaucoup de particuliers (qui surestiment leurs capacités... vous connaissez l'effet Dunning-Kruger ?) : le trading est un jeu à somme nulle, où les gagnants sont rarement les investisseurs particuliers à la maison face à leur écran, mais plutôt les professionnels qui ont accès à des outils d'un autre niveau, des analyses complètes du monde entier et des informations parfois même avant le grand public.

Ainsi, je pense que Revolut s'adresse avant-tout aux personnes nomades qui paient beaucoup à l'étranger, et qui souhaite un système de paiement facile et peu cher en complément de leur banque habituelle. Quant à l'offre de trading, elle s'adresse uniquement à ceux qui aiment boursicoter et qui ont conscience des risques financiers qu'ils prennent. Autrement, l'investissement long terme au sein d'un PEA est très largement avantageux par rapport à un compte trading.

Interview du fondateur du blog Radin Malin

Je vous propose aujourd'hui une interview très intéressante du fondateur du blog Radin Malin, autour de la gestion financière, l'investissement et l'actualité économique. Bonne lecture ! Si vous êtes l'auteur d'un site ou d'un blog autour de la bourse, l'économie ou la finance, n'hésitez pas à me contacter pour faire une interview de ce style.

Le blog Radin Malin

Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter, notamment votre formation et votre parcours professionnel et personnel ?

Je m'appelle Marc MAZIERE, j'ai 31 ans, je viens de Toulouse et j'ai un Master en Langues Etrangères Appliquées (LEA anglais allemand et opiton italien). J'ai un goût prononcé pour l'apprentissage et la pratique des langues étrangères, mais j'ai aussi j'ai une "fibre gestionnaire", je suis naturellement enclin à bien gérer mon argent (peut-être la faute aux jeux de gestion comme Theme Hospital auxquels je jouais étant petit). Je suis attiré par les bons plans et je m'intéresse beaucoup aux nouvelles technologies.

Marc MAZIERE, fondateur du blog Radin Malin

Au niveau professionnel, j'ai travaillé 3 ans et demi chez Air France comme agent de service client, en anglais, allemand et italien, plus précisément au sein du programme de fidélité Flying Blue. C'était un poste dans le tourisme et en rapport avec les langues, donc plutôt en phase avec ma formation initale. J'y ai appris de nombreuses choses intéressantes, j'ai traité les demandes des clients sur les réseaux sociaux de la Compagnie et j'ai appris à être plus empathique. Malgré tout cela, ce poste restait un choix quelque peu forcé, et je ne me suis jamais projeté à long-terme dans ce secteur. Dès le départ, mon ambition a été d'utiliser ce travail en CDI comme argument auprès des banques pour emprunter et investir dans l'immobilier, et en même temps de développer mes activités sur internet (dont le blog Radin Malin).

Pouvez-vous nous parler de votre blog Radin Malin ? Quel est son objectif ? Quelles sont les évolutions que vous envisagez à moyen terme ?

En 2015, après 2 ans de chômage post-fac et une longue période de remise en question sur mon orientation professionnelle, j'ai décidé de suivre l'exemple de nombreuses personnes sur internet et de moi aussi me lancer dans la création d'un blog dans le but d'en vivre. Pourquoi pas, après tout, puisque je suis à l'aise en informatique, en rédaction et j'aime bien apprendre le fonctionnement de nouveaux logiciels. Je n'avais plus qu'à me lancer.

J'ai choisi le nom Radin Malin car il est percutant. Les visiteurs ne l'oublient pas. C'est une auto-dérision volontaire, car ma radinerie m'a parfois quelque peu complexé par le passé, notamment lorsque j'étais étudiant et que je n'avais que les bourses du CROUS (mes parents n'avaient pas de quoi m'aider) et que j'étais obligé d'économiser le moindre centime, du coup je rognais sur ma générosité, mais cela ne me déplaisait pas, je prenais ça comme un jeu. Depuis, j'ai appris à faire la part des choses et à "me lâcher" un peu plus lorsqu'il s'agit de faire plaisir aux gens et de profiter de mes amis. Je ne laisse plus mon envie d'économiser des bouts de chandelle entraver mes relations.

Le but du blog est de partager mes astuces de radin pour vivre mieux en dépensant moins. Mes amis me disaient parfois de faire un livre parce que j'avais toujours des bons plans. J'ai préféré en faire un blog, sachant que je pourrais à la fois aider plus de monde, rajouter des idées au fil du temps, et le format me plaisait davantage.

Dès le départ, j'ai eu pour ambition de créer un blog pour en faire mon métier. J'ai été inspiré par des blogueurs connus comme Olivier Roland ou Tim Ferris, dont j'ai lu le livre "La Semaine de 4 heures" qui m'a aidé à réaliser que c'était possible (car si on n'y croit pas, on ne prend pas la peine de se lancer, mais si on voit des exemples de gens qui ont réussi, c'est motivant). Je me suis donc longuement renseigné sur l'affiliation, le parrainage, la pub, la vente de liens et tous les moyens de monétiser un site internet. Ce n'est que bien après que j'ai découvert le référencement (SEO) et l'impact que cela peut avoir sur un site. J'ai donc tout appris sur le tas, en auto-didacte, et je parviens maintenant à vivre de mon blog (j'ai quitté mon travail chez Air France le jour de mes 30 ans).

A terme, je pense continuer le blog, peut-être effectivement écrire un livre, lancer des formations pour aider les gens à mieux gérer leur argent. Pourquoi pas développer ma chaîne Youtube, travailler auprès d'entreprises qui correspondent mieux à mes valeurs (plus écolo surtout). J'ajuste au fil de mes envies.

Comment vous êtes-vous formé à l'investissement ? Avez-vous des livres ou des sites à recommander, et pourquoi ?

Au départ, je ne connaissais rien. J'ai lu le livre d'Olivier Seban, "Tout le monde mérite d'être riche", qui m'a vraiment aidé à envisager d'autres pistes. Je le conseille fortement à tout le monde, en plus il est disponible gratuitement sur son blog en pdf. Ce n'est pas un livre miracle, mais il a planté des graines dans ma tête qui se sont ensuite développées. Ainsi, j'ai fini par investir dans l'immobilier, j'ai exploré la bourse, les actions, les ETF, les OPCVM... Autant de choses auxquelles je n'osais pas toucher avant car je pensais que c'était réservé aux riches. Le thème des finances m'intéressait déjà, mais Olivier Seban m'a aidé à accélérer mon apprentissage. Il faut bien réaliser qu'il est possible de devenir rentier immobilier même quand on ne gagne pas énormément d'argent.

Je suis un grand fan de Tesla et d'Elon Musk. J'ai ouvert un compte-titres et appris à acheter des actions pour la première fois car je voulais absolument acheter des actions Tesla. J'estime qu'il est plus judicieux d'aider ce secteur à s'améliorer et développer des batteries plus propres plutôt que de laisser les banques utiliser mon argent pour aller chercher du pétrole toujours plus loin et le brûler inutilement dans l'atmosphère. Ce n'est ni bon pour l'humanité, ni même pour l'économie à long-terme. Pour moi, Tesla est un excellent investissement de long-terme. Nous verrons en 2025-2030 si j'ai eu raison :)

Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui souhaite faire des économies rapidement ? Quels sont les pièges à éviter ?

Il faut d'abord revoir ses dépenses. Tout passer au crible et résilier les abonnements superflus ou inutiles : les Amazon Prime, les Netflix, les options de forfaits... Changer d'opérateur, changer d'assurance. Les entreprises savent qu'on a la flemme de résilier une fois qu'on a signé un contrat. C'est bien pour cela que de nombreux opérateurs proposent des forfaits pas chers la première année, puis qui augmentent ensuite. Ils savent que la plupart des gens ne pensera pas à résilier. Il faut donc combattre cela et renégocier vos contrats.

Il faut aussi apprendre à faire la cuisine soi-même et ne pas systématiquement céder aux sirènes des restaurants et autres Uber Eats. Je ne dis pas qu'il faut se priver, je pense simplement que cela doit rester occasionnel. Si on commande une pizza 3 fois par semaine, forcément, cela fera un trou dans le budget à le fin du mois.

Enfin, il faut savoir éviter les pièges de notre société de consommation. On n'a pas besoin d'acheter un nouveau smartphone à 1 000 euros chaque année. Les capsules de café, ça coûte très cher et ce n'est pas du tout écolo (même recyclées, leur fabrication et leur recyclage est infiniment plus polluant que de juste utiliser une cafetière classique et ainsi d'éviter la fabrication d'une capsule). On peut réparer ses objets au lieu de les jeter. On peut acheter une table d'occasion sur Le Bon Coin pour 10€ plutôt que de prendre celle d'IKEA qui coûte 5 euros plus cher et qui tiendra 10 ans de moins. Il faut voir le long-terme dans ses achats : ce que j'achète, est-ce que je l'utiliserai encore dans 5 ans, 10 ans ? Est-ce vraiment utile ou suis-je en train de jeter l'argent par les fenêtres ?

De nombreuses études montrent que les Français ont tendance à beaucoup épargner mais surtout sur des supports sans risques (fonds en Euros, Livrets réglementés). Qu'en pensez-vous ?

Par nature, l'humain a une aversion au risque. Nous préférons être sûrs de gagner 20 euros plutôt que tenter de gagner 100 euros mais avec une chance sur 10 de ne gagner que 10 euros. Mathématiquement, c'est la 2e solution qui est la plus rentable. La plupart des gens ne s'intéresse pas à la bourse car cela a la réputation d'être trop risqué. C'est le cas si on fait du trading, mais ce n'est pas le cas si on investit de manière raisonnée et régulière dans des trackers, par exemple. Quelqu'un qui met 100 euros par mois dans un ETF monde aura bien mieux fait fructifier son argent que quelqu'un qui met 100 euros par mois sur un livret A, et ce même en comptant les crises financières. Seulement, les gens ne s'y intéressent pas car cela parait obscur, compliqué et risqué. Pourtant, tout le monde a à y gagner.

Et d'ailleurs, depuis quelques années, mettre de l'argent sur un livret A revient à perdre de l'argent puisque la rémunération ne couvre pas l'inflation.

Sans exagérer, il faut quand même accepter une petite part de risque. Paradoxalement, celui qui ne risque rien s'expose au risque de ne pas avoir assez de ressources sur ses vieux jours ou pour faire face aux évènements de la vie.

Avec la crise financière engendrée par le Covid-19, de nombreux particuliers se sont lancés en bourse, en espérant pouvoir faire de bonnes affaires. Qu'en pensez-vous ?

C'est sûr qu'il vaut mieux investir quand les prix sont bas. Cependant, il faut faire attention : nul ne peut prédire quand sera le point le plus bas. Il faut donc acheter petit à petit afin de lisser le risque, plutôt que d'essayer de deviner où sera le plus bas et de tout acheter d'un seul coup. Il faut aussi savoir identifier les entreprises qui ont les meilleures chances de résister à la crise (car on peut perdre son argent si elles font faillite !).

Pour quelqu'un de novice, je conseille d'investir sur des ETF un petit peu chaque mois et ne plus y toucher. Pas besoin de suivre les entreprises, on met juste son argent et on laisse faire. Sur le long-terme, on est toujours gagnant car les marchés montent en moyenne de 8,5% par an, même en comptant les crises (c'est mieux que les 0,50 % du livret A). Oui, si notre système s'effondre, cette stratégie sera caduque. Mais si cela devait arriver, on aura certainement d'autres préoccupations, donc autant investir, ça ne mange pas de pain.

Ça a l'air facile dit comme ça mais c'est loin d'être aussi simple que ça en a l'air. Moi le premier, je fais encore des erreurs de débutant (j'ai récemment vendu des actions à un prix trop bas, pensant qu'elles retomberaient encore plus et que je pourrais en racheter moins cher), mais j'apprends et je m'améliore.

Cette crise du Covid-19 engendre de nombreuses incertitudes autour de l'investissement : risques sur certains actifs, incertitudes sur les taux immobiliers, les rendements locatifs, les futures règles fiscales, etc. Quels conseils avez-vous à donner pour affronter cette période ?

Je ne me permettrais pas de donner des conseils car je ne suis pas conseiller en patrimoine. Je peux toutefois vous dire comment je vois les choses et ce que je fais à titre personnel : je garde des liquidités que j'investirai lorsque j'estimerai que les marchés seront tombés assez bas (nous sommes en avril 2020 et je pense malheureusement que les bourses n'ont pas fini de s'effondrer cette année).

Côté immobilier, j'attends de voir si les taux de crédits vont baisser (ce qui selon moi pourrait arriver si la BCE veut relancer l'économie) tout comme les prix de l'immobilier. Si les deux baissent, alors cela sera une aubaine pour les investisseurs immobiliers, même les plus novices. Si je peux emprunter 100 000 euros à 0,5 % pour acheter un appartement qui m'aurait coûté 120 000 euros à 1,5% avant la crise, et si en plus les banques sont encouragées à prêter aux particuliers plus facilement, il faut le faire sans se poser de questions. C'est une occasion en or de se constituer un patirmoine et encaisser un cash-flow positif tous les mois (c'est-à-dire une différence positive entre le montant des loyers et celui des mensualités de prêts).

Enfin, un dernier mot sur les cryptomonnaies et le Bitcoin : quel est votre avis sur ces nouveaux actifs ?

J'ai un avis quelque peu mitigé. En tant que technophile, j'ai longtemps été intéressé par la blockchain et les cryptomonnaies, et il ne fait aucun doute que la blockchain est une véritable avancée technologique. Cependant, je ne pense pas que les crypto-monnaies dans leur forme actuelle soient un bon investissement. Il s'agit d'actifs hautement spéculatifs et donc volatils et dangereux.

L'utilisation la plus courante de ces cryptomonnaies est la spéculation (et le stockage de valeur, mais je pense qu'il est extrêmement risqué de placer ses économies en BTC en tant que valeur refuge). J'ai déjà payé des choses en Bitcoin "pour le fun", mais c'est encore loin d'être "mainstream" et ce n'est clairement pas l'utilisation la plus répandue.

Ce qui me gêne avec les cryptos, c'est qu'il ne s'agit pas d'un investissement dans une entreprise qui produit de la richesse ; on achète simplement des parts de quelque chose qui n'a aucune valeur intrinsèque autre que celle qu'on veut bien lui attribuer collectivement. C'est aussi le cas des monnaies classiques, à ceci près que leur valeur est encadrée et donc un minimum garantie par les banques centrales. Avec le Bitcoin, il n'y a aucun coussin de sécurité en cas de problème.

Je pense néanmoins que la blockchain a de l'avenir dans d'éventuelles futures cryptomonnaies régulées par les banques centrales (car pour l'instant, c'est le paradis des fraudeurs) ainsi que dans d'autres applications.

Merci encore à Marc pour cette interview très intéressante.

Comment épargner pour ses enfants ?

Epargner et investir de l'argent pour ses enfants est une excellente idée pour transmettre une partie de son patrimoine sans payer de frais de succession. Aujourd'hui, les banques proposent de nombreux dispositifs d'épargne pour les jeunes mais après analyse, très peu s'avèrent intéressants. Par ordre de préférence, les meilleurs moyens d'épargner pour ses enfants restent à ce jour l'assurance-vie sans hésitation, éventuellement le Livret Jeune pour de l'épargne immédiate et le PEL depuis la baisse des taux d'intérêt du Livret A.

Investissez le plus tôt pour vos enfants, vous ne le regretterez pas dans 20 ans !

Si vous en avez les moyens, je vous conseille très fortement de mettre de l'argent de côté régulièrement, dès la naissance de vos enfants, pour leur constituer petit à petit une épargne qui leur sera très utile au moment de la majorité, des éventuelles études supérieures et de la prise d'indépendance. Epargnez chaque année pour ses enfants a deux principaux avantages : vous pouvez investir cet argent pour du long terme (donc cela vous génèrera d'importantes plus-values à la fin), et vous étalerez vos investissements dans le temps afin de lisser les aléas boursiers. Je vous rappelle que l'investissement progressif est une excellente pratique sur le long terme.

Aujourd'hui, les banques font le maximum pour capter les clients le plus tôt possible, et proposent des plans d'épargne très alléchants pour capter l'épargne des enfants. Néanmoins, à ma connaissance, je n'ai trouvé aucun dispositif intéressant parmi les offres proposées par les banques à cause de l'impact important de la fiscalité : sur tous les livrets non réglementés, vous aurez à payer les prélèvements sociaux (17,2 %) et l'impôts sur les revenus (cela dépend de votre tranche d'imposition marginale). Il est possible d'opter pour la flat tax ou prélèvement forfaitaire unique, aujourd'hui à 30 %, incluant les prélèvements sociaux.

Passons en revue les différents dispositifs d'épargne accessible dès la naissance ou quelques années après, du plus intéressant au moins intéressant.

Assurance-vie (dès la naissance) : le meilleur dispositif à conditions de bien choisir sa banque ou son assureur

L'assurance-vie reste, aujourd'hui, le moyen incontournable pour épargner et faire fructifier son argent, dès la naissance. En effet, la fiscalité est très avantageuse pour les sorties d'argent après 8 ans. En effet, pour tout montant retiré, vous ne paierez pas d'impôts sur les revenus si, sur le montant retiré, les plus-values sont inférieures à 4 600 euros par personne ou 9 200 euros pour un couple (mais vous paierez les prélèvements sociaux). Au-delà de cet abattement, en 2020, vous paierez sur les plus-values, le prélèvement forfaitaire unique (ou flat tax) de 24,7 % (voire 17,2 % si vous ne payez pas d'impôts sur les revenus).

La première question à se poser avant d'ouvrir une assurance-vie pour son enfant est le choix de la banque ou de l'assureur. Pour cela, je vous invite à lire mon comparatif des meilleures banques en ligne. Selon moi, il est préférable de passer par un service en ligne car les frais sont très significativement plus faibles que chez les banques traditionnelles qui ponctionnent énormément d'argent sur le long terme. Je vous conseille sans hésiter Fortuneo, et vous pouvez utiliser mon code parrain 12644522 pour obtenir jusqu'à 150 euros gratuitement (contre 110 euros habituellement sans parrain). Linxea est aussi un assureur en ligne très réputé et extrêmement compétitif, souvent recommandé. Cet assureur propose les mêmes fonds en euros très performant que Fortuneo.

Ensuite, vous avez le choix entre une gestion pilotée par la banque, ou bien une gestion libre où c'est vous qui décidez à chaque versement dans quels fonds investir. Ne vous laissez pas séduire aveuglément par la gestion pilotée qui vous coûtera bien plus chère sur le long terme et sans aucune garantie de meilleure performance. En gestion libre, vous pouvez largement faire aussi bien qu'une gestion pilotée, les frais en moins. Pour choisir librement vos fonds pour investir, je vous conseille mon article sur les meilleurs fonds éligibles à l'assurance-vie Fortuneo. Cela vous donnera une idée plus générale sur comment investir et diversifier son argent.

Puis, il faut se poser la question des versements d'argent et de leur fréquence. Je vous invite à relire mon billet sur l'investissement progressif et je vous conseille d'appliquer ces règles afin de ne pas vous prendre la tête sur quand acheter, quand vendre, etc. Les marchés sont capricieux et imprévisibles, c'est le principe même de la bourse. Acheter et vendre au fil de l'eau, de manière étalée dans le temps, vous permettra de lisser les aléas et réduire ces risques.

Livret Jeune (à partir de 12 ans et jusqu'à 25 ans) : un bon plan d'argent disponible mais très limité

Le Livret Jeune est un des placements les plus mis en avant par les banques pour permettre aux parents d'épargner pour leurs enfants. Contrairement au Livret A ou LDDS, son taux n'est pas réglementé mais toutes les banques proposent généralement un taux très attractif pour attirer la jeune clientèle. Chez la BNP par exemple, le Livret Jeune offre un rendement net de 1,25 % contre 0,5 % pour le Livret A. De plus, comme le Livret A, le Livret Jeune est totalement exonéré d'impôts ou de prélèvements sociaux.

Malheureusement, le Livret Jeune n'est accessible qu'à partir de son douzième anniversaire. De plus, le plafond est limité à 1 600 euros seulement. C'est le principal inconvénient de ce livret défiscalisé. L'idée est donc de mettre l'argent sur un Livret A en attendant les 12 ans, puis transférer 1 600 euros vers le Livret Jeune dès le douzième anniversaire de l'enfant.

A titre de comparaison, 1 600 euros placés dans un Livret Jeune à un taux de 1,25 % entre 12 et 25 ans rapportera 173 euros de plus que cette même somme placée dans un Livret A sur la même durée. Ce n'est pas énorme, mais c'est toujours ça de pris...

PEL ou Plan Epargne Logement (dès la naissance) : des contraintes mais un rendement désormais meilleur que le Livret A

L'heure de gloire du Plan Epargne Logement (ou PEL) est passée depuis longtemps... En effet, depuis la baisse drastique et durable des taux d'emprunt, le droit à l'emprunt à un taux privilégié n'est plus du tout intéressant (2,2 % sur 2 à 15 ans alors que vous pouvez largement emprunter à 1 % sur cette période). Ce droit à l'emprunt est disponible sous conditions, après 4 ans d'épargne et n'est absolument pas une obligation.

Néanmoins, depuis la baisse du taux du Livret A et du LDDS à 0,5 %, le rendement du PEL redevient intéressant. En effet, il est aujourd'hui de 1 % brut, soumis ensuite aux prélèvements sociaux (17,2 %) et l'impôt sur les revenus. Si vous ne payez pas d'impôts, cela revient à 0,83 % net, ce qui est pas mal pour un placement sécurisé. Si vous payez l'impôt sur les revenus, vous pouvez opter pour le prélèvement forfaitaire unique ou flat tax à 30 %, d'où un rendement net de 0,7 %. C'est toujours mieux que le Livret A ou le LDDS. Quant au plafond de 61 200 euros, il est très largement suffisant pour ce genre d'épargne à faible rendement.

Mais le PEL impose de nombreuses contraintes de versements contrairement au Livret A : vous êtes obligé de verser au moins 540 euros par an. De plus, l'argent est bloqué pendant au moins 4 ans. Vous ne pouvez plus l'alimenter au bout de 10 ans. Et le plan d'épargne cesse de produire des intérêts après 15 ans. Cela dit, pour épargner pour ses enfants, ces contraintes sont mineures et le PEL peut donc s'avérer une bonne alternative au Livret A. En espérant que les règles du jeu ne changent pas d'ici là...

Pour rappel : si vous avez un vieux PEL dont le rendement est très élevé (2,5 % pour les plans entre 2003 et 2015), je vous conseille de le garder et de l'utiliser comme épargne sécurisée. Même avec la fiscalité, le rendement est bien meilleur que le Livret A. Par contre, pour vos enfants, vous n'aurez pas le choix que d'ouvrir un nouveau PEL au taux de 1 % aujourd'hui.

Livret A (dès la naissance) : l'argent disponible mais à un taux très faible

Le placement préféré des français avec l'assurance-vie, le Livret A reste un bon dispositif totalement défiscalisé (sans impôt sur les revenus ni prélèvements sociaux) pour mettre un peu d'argent de côté pour son enfant, pour qu'il puisse l'utiliser rapidement. C'est le principal avantage du Livret A : l'argent est disponible immédiatement, comme le Livret Jeune, alors que dans une assurance-vie, cela nécessite une démarche administrative un peu plus lourde.

Le plafond à 22 950 euros est très largement suffisant pour épargner pour son enfant. Je vous recommande néanmoins de ne pas dépasser 5 000 euros pour plutôt investir dans l'assurance-vie afin d'avoir un bien meilleur rendement sur le long terme. En effet, le taux du Livret A est clairement son point faible depuis sa récente revalorisation à la baisse : seulement 0,5 % par an. Certes, c'est totalement net d'impôts et de prélèvements, mais c'est bien faible par rapport à d'autres placements en assurance-vie.

Comme un petit matelas de liquidités est toujours intéressant pour un jeune pour démarrer la vie active ou les études, il ne faut donc pas oublier le Livret A pour mettre un peu d'argent de côté pour ses enfants.

Les super livrets ou livrets à taux boostés : attention à la fiscalité !

Quasiment toutes les banques (en ligne ou traditionnelles) proposent des super livrets, appelés aussi livrets à taux boostés. Il y a aussi PSA Banque et RCI Banque, respectivement les banques de financement de Peugeot et Renault, qui proposent à tous les livrets Distingo et Zesto, dont les taux font partie des meilleurs du marché, aujourd'hui à 0,8 % brut.

Attention par contre à la fiscalité, vous aurez à payer les prélèvements sociaux et l'impôt sur les revenus. En fonction de votre tranche marginale d'imposition, vous pouvez aussi opter pour la flat tax à 30 %. Ces super livrets ne sont intéressants que lorsque vous ne payez pas d'impôts mais autrement, même avec la flat tax, le rendement net devient quasi-identique au Livret A, qui n'est déjà pas une bonne option pour épargner sur le long terme.

Conclusion

Il est indispensable d'investir et faire fructifier de l'argent pour ses enfants, dès la naissance : vous serez très heureux de l'avoir fait plusieurs années plus tard, au moment des études ou de leurs débuts dans la vie active. Pour cela, je vous conseille de privilégier l'assurance-vie : vous pouvez l'utiliser sans problème, pour plus de 80 % de l'épargne de vos enfants. Les risques seront maitrisés si vous diversifiez bien vos placements. Dès 12 ans, vous pouvez aussi placer de l'argent dans le Livret Jeune pour bénéficier du taux bonifié. Le PEL s'avère être aussi une bonne alternative pour placer de l'argent, depuis la baisse récent des taux d'intérêt du Livret A et du LDDS. Enfin, le Livret A peut aussi être une option mais à hauteur de 5 000 euros grand maximum, car son rendement est de moins en moins intéressant, et sur le long terme, l'assurance-vie est bien meilleure.

Epargner pour ses enfants uniquement au travers de l'assurance-vie est aussi envisageable mais vous prenez un risque si les règles fiscales changent sur ce support, surtout que c'est l'épargne préférée des Français, et quand les gouvernements cherchent un peu d'argent, c'est vers là qu'ils se tournent...

Enfin, pour rappel, le PEA (Plan Epargne Actions) n'est pas accessible à un mineur. Dès la majorité, si la personne est encore rattachée au foyer fiscal de ses parents, il est alors possible d'ouvrir un PEA Jeune. Si vous souhaitez en savoir plus sur ce nouveau dispositif, je vous invite à relire mon billet concernant toutes les évolutions du PEA suite à la loi Pacte, et pourquoi je pense que le PEA Jeune va être un échec.