Interview des fondateurs du site Avenue des investisseurs


Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous présenter une interview des créateurs du site internet Avenue des investisseurs. Les fondateurs m'ont contacté et proposé un article sous forme d'interview. J'ai trouvé l'idée excellente : il faut toujours croiser les points de vue et s'enrichir d'informations de sources variées. Donc si vous avez aussi envie de partager vos analyses et points de vue autour de l'économie et la finance, n'hésitez pas à me contacter via le formulaire dans la barre latérale.

Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter, notamment votre formation et votre parcours professionnel et personnel ?

Nous avons créé le site Avenue des investisseurs (ADI) début 2018 en associant nos compétences et nos goûts autour d’une passion commune : l’investissement.

Nicolas est diplômé en finance-comptabilité, il travaille en finance et s’intéresse particulièrement aux placements dits bon père de famille : assurance-vie, immobilier, etc. Ludovic est chercheur et travaille dans le secteur des biotechnologies et il s’intéresse surtout à la bourse.

Pouvez-vous nous parler un peu de votre site Avenue des investisseurs ? Quel est l’objectif de votre site web ? Est-ce que vous réfléchissez à des évolutions aussi bien sur le fond que la forme ?

ADI vise à vulgariser la finance personnelle, pour expliquer l’investissement simplement et que ce soit accessible au plus grand nombre : des plus jeunes aux plus anciens, des plus modestes aux plus riches. Nous souhaitons apporter une éducation financière pour que les Français fassent des choix de placement et d’investissement raisonnés, c’est notre ambition : mieux épargner et investir pour vivre mieux.

Depuis plus de 10 ans que nous investissons à titre personnel, nous avons beaucoup appris et nous avions à cœur de partager nos connaissances, d’abord avec nos proches puis avec le plus grand nombre via le site. Ainsi, Avenue des investisseurs ne se contente pas de faire des comparatifs d’assurance-vie ou de banque, mais avant tout donne un guide de l’épargne : comment bien placer (notions d’allocation patrimoniale, d’horizon de placement, de diversification, etc.), comment investir en immobilier, comment investir en bourse, est-ce utile de défiscaliser et comment, etc.

ADI est en évolution constante : les retours des lecteurs sont très encourageants et cela nous motive à publier régulièrement de nouveaux articles pour toujours mieux informer (on se rend compte que le sujet est vaste et profond !) et nous comptons mettre en place une newsletter.

Un récent sondage montre que 73 % français considère l’or comme un bon investissement refuge pour son épargne. De plus, depuis de longues années maintenant, les études montrent que les français sont plutôt frileux vis-à-vis des placements en bourse. Pensez-vous qu’en France, les particuliers sont de bons investisseurs ? Que faudrait-il faire et développer pour améliorer l’investissement des particuliers ?

Bonne question, il y aurait beaucoup à dire et à faire. Car malheureusement les Français sont réputés être de piètres investisseurs (fâcheuse tendance à stocker sur livret A et compte courant même à long terme et à mal investir en immobilier) et les études internationales le prouvent (mauvaise compréhension de l’économie et de la finance basique). La faute à une éducation financière inexistante. Et puis les Français se reposent beaucoup sur notre système de retraite par répartition (excès de confiance ?). Notre site cherche à apporter sa modeste pierre à l’édifice.

Il serait bon d’inscrire au programme au lycée un cours d’économie domestique pour inculquer quelques notions fondamentales (tenir son budget et ne pas dépenser plus que ses revenus, se dégager une capacité d’épargne, les placements, les rendements, la diversification, etc.) et sensibiliser aux risques (les crédits pour investir versus crédits consommation, les placements atypiques et pièges sur internet, etc.). Par ailleurs, il faut distiller un bon état d’esprit : il serait bon aussi que nos médias et hommes politiques cessent de diaboliser la bourse et les actionnaires, alors qu’ils sont utiles à l’économie (dans le même temps ils déplorent que nos sociétés françaises se fassent racheter par des étrangers, ce n’est pas cohérent alors que l’on n’encourage pas l’actionnariat français). Ceci dit, il y a des initiatives qui vont dans le bon sens : à Paris, la Cité de l’économie ouvre ses portes à partir de juin 2019 pour apporter une culture économique et financière à ses visiteurs.

Les épargnants français considèrent toujours l'or comme une bonne valeur refuge

Quant à l’or, si on peut le voir comme un placement refuge, nous le voyons plutôt comme une sorte d’assurance. Mais il ne faut pas oublier que l’or ne délivre pas de rendement (ni loyer, ni intérêts, ni coupon, ni dividende) et que c’est purement spéculatif : on ne peut compter que sur la plus-value (et les cours sont plutôt atones depuis plus de 10 ans).

Lyxor a sorti en début d’année un nouveau tracker obligataire, le premier éligible au PEA. Que pensez-vous de ce nouveau produit ? Est-ce intéressant pour un investisseur particulier ?

Dans PEA, il y a A pour actions. Alors c’est original de pouvoir investir en obligations au sein du PEA. Pour investir en obligations, nous continuons à penser qu’il n’y a rien de mieux que les fonds euros dans le cadre de l’assurance-vie.

D’une manière générale, nous sommes partisans de l’investissement simple : ce que l’on souhaite sécuriser va en fonds euro de bonnes assurances-vie, et ce que l’on souhaite dynamiser et investir à long terme va en trackers sur un PEA ou en immobilier. Ainsi, on diversifie sur les actifs (obligations, actions et immobilier) selon son horizon de placement et son allocation patrimoniale, et en profitant des meilleures niches fiscales françaises (PEA, assurance-vie et résidence principale).

L’investissement passif au travers des ETF ayant de faibles frais de gestion connait un succès grandissant depuis une dizaine d’années maintenant. Certains analystes mettent en avant le risque que représente la gestion passive : forte concentration sur certaines valeurs, trop forte corrélation entre certains actifs, les marchés ne sont pas toujours efficients, etc. Pensez-vous que le succès grandissant de la gestion passive pourrait représenter un nouveau danger pour les marchés, et les rendre (paradoxalement) moins efficients ?

Effectivement, les trackers séduisent de plus en plus les investisseurs en bourse. C’était déjà le cas aux Etats-Unis depuis longtemps, et succès grandissant en France (et bien mérité) depuis quelques années.

Les trackers représentent-ils un danger pour les marchés ? Vous soulevez une question intéressante. Certains économistes s'inquiètent du poids grandissant des ETFs et craignent que cela nuise à l'efficience des marchés. Actuellement, nous pensons que les fonds de gestion active et les investisseurs en direct constituent encore une part importante des acheteurs et qu'ils assurent l'efficience des marchés. Si on essaie de raisonner à moyen/long terme, supposons que l'on arrive à une situation où le poids des ETF entraînerait des valorisations farfelues pour certaines entreprises, notamment en cas de marchés boursiers chahutés et volatils. À ce moment, les analystes et les stock-pickers pourraient tirer parti de cette inefficience en se concentrant les fondamentaux des entreprises (chiffre d'affaires, bénéfices, perspectives de croissance, etc.) pour générer de la surperformance.

Ainsi, les fonds de gestion actifs sachant analyser les anomalies de valorisation pourraient trouver un regain de popularité et à nouveau attirer des investisseurs. À terme, on peut donc penser qu'il devrait exister un équilibre entre gestion passive et active.

Quel est votre sentiment de marché sur les actions pour 2019 et 2020 ? Quels seront les grands sujets à surveiller (guerre commerciale, les nouvelles technologies, etc.) ?

On ne s’aventure pas à faire des pronostics boursiers : trop casse-gueule et nous n’avons pas de boule de cristal. Nombreux sont les professionnels à crier à la bulle depuis des années, et pourtant les marchés grimpent de plus belle (à part une baisse de type respiration de marché de moins de 10 % fin 2018, vite rattrapée début 2019). Nous avons beau surveiller les nouvelles (conflits, ruptures technologiques, etc.), il y a constamment des nouvelles stressantes donc toujours constamment matière à chahut des marchés.

Les marchés financiers sont constamment chahutés par l'actualité

Aussi, nous ne dévions pas de notre stratégie : on recommande de rester investi selon son allocation patrimoniale, qui dépend elle-même de son horizon de placement et de sa tolérance au risque. Pour Nicolas par exemple, cela se traduit par un budget risque de 20 % en actions, par tous les temps (phases euphoriques ou phases désespoir des marchés). Ainsi cela revient à alléger quand les marchés ont monté pour retourner à 20 % actions, et à renforcer le portefeuille quand les marchés ont baissé pour revenir à 20 % actions. Autrement dit, naturellement avec cette méthode on vent haut et on rachète bas et on reste constamment collé à son allocation patrimoniale.

Que pensez-vous du marché immobilier en France, notamment en cette période de taux d’emprunt au plus bas historique ? Est-ce qu’il faut continuer à saisir ces opportunités ?

Les taux bas ne doivent pas être un prétexte pour s’endetter et acheter tout et n’importe quoi. On assiste à une surchauffe à Paris et les plus grandes villes Françaises et on se méfie. Bulle ou pas bulle ? Toujours est-il que les taux bas ont provoqué une bulle des liquidités qui a alimenté les prix dans les grandes villes.

Donc profitons des taux bas d’accord, mais tout en étant toujours vigilant sur la rentabilité de l’investissement immobilier en se posant les bonnes questions : le bien est-il en bon état ? Demande locale solvable ? Comment optimiser le montage fiscal (Location Meublée Non Professionnelle) ?Quel sera mon cashflow (autofinancement) ? Le rendement brut et net ? Les perspectives de valorisation du bien dans ce quartier et cette ville ? Bref, il faut toujours faire ses devoirs.

Enfin, un petit dernier mot sur le Bitcoin et les cryptomonnaies : quelle est votre opinion sur ces nouveaux actifs financiers ?

Nous sommes très réservés sur les cryptomonnaies en général. Nous les plaçons dans la catégorie des investissements exotiques, qui ne doivent pas peser plus de 5 % du patrimoine d’un ménage. Cela n’a pas empêché Nicolas d’en acheter (via le compte-titres ordinaire) en guise d’assurance tel de l’or, mais en connaissance de cause : c’est très spéculatif, alors moins de 1 % de son patrimoine, car cela peut valoir 0 demain tout comme s’envoler très haut, l’avenir nous le dira.
Un grand merci à Nicolas et Ludovic pour avoir pris le temps de répondre à mes questions !

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