Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter, notamment votre formation et votre parcours professionnel et personnel ?
Je m'appelle Marc MAZIERE, j'ai 31 ans, je viens de Toulouse et j'ai un Master en Langues Etrangères Appliquées (LEA anglais allemand et opiton italien). J'ai un goût prononcé pour l'apprentissage et la pratique des langues étrangères, mais j'ai aussi j'ai une "fibre gestionnaire", je suis naturellement enclin à bien gérer mon argent (peut-être la faute aux jeux de gestion comme Theme Hospital auxquels je jouais étant petit). Je suis attiré par les bons plans et je m'intéresse beaucoup aux nouvelles technologies.Au niveau professionnel, j'ai travaillé 3 ans et demi chez Air France comme agent de service client, en anglais, allemand et italien, plus précisément au sein du programme de fidélité Flying Blue. C'était un poste dans le tourisme et en rapport avec les langues, donc plutôt en phase avec ma formation initale. J'y ai appris de nombreuses choses intéressantes, j'ai traité les demandes des clients sur les réseaux sociaux de la Compagnie et j'ai appris à être plus empathique. Malgré tout cela, ce poste restait un choix quelque peu forcé, et je ne me suis jamais projeté à long-terme dans ce secteur. Dès le départ, mon ambition a été d'utiliser ce travail en CDI comme argument auprès des banques pour emprunter et investir dans l'immobilier, et en même temps de développer mes activités sur internet (dont le blog Radin Malin).
Pouvez-vous nous parler de votre blog Radin Malin ? Quel est son objectif ? Quelles sont les évolutions que vous envisagez à moyen terme ?
En 2015, après 2 ans de chômage post-fac et une longue période de remise en question sur mon orientation professionnelle, j'ai décidé de suivre l'exemple de nombreuses personnes sur internet et de moi aussi me lancer dans la création d'un blog dans le but d'en vivre. Pourquoi pas, après tout, puisque je suis à l'aise en informatique, en rédaction et j'aime bien apprendre le fonctionnement de nouveaux logiciels. Je n'avais plus qu'à me lancer.J'ai choisi le nom Radin Malin car il est percutant. Les visiteurs ne l'oublient pas. C'est une auto-dérision volontaire, car ma radinerie m'a parfois quelque peu complexé par le passé, notamment lorsque j'étais étudiant et que je n'avais que les bourses du CROUS (mes parents n'avaient pas de quoi m'aider) et que j'étais obligé d'économiser le moindre centime, du coup je rognais sur ma générosité, mais cela ne me déplaisait pas, je prenais ça comme un jeu. Depuis, j'ai appris à faire la part des choses et à "me lâcher" un peu plus lorsqu'il s'agit de faire plaisir aux gens et de profiter de mes amis. Je ne laisse plus mon envie d'économiser des bouts de chandelle entraver mes relations.
Le but du blog est de partager mes astuces de radin pour vivre mieux en dépensant moins. Mes amis me disaient parfois de faire un livre parce que j'avais toujours des bons plans. J'ai préféré en faire un blog, sachant que je pourrais à la fois aider plus de monde, rajouter des idées au fil du temps, et le format me plaisait davantage.
Dès le départ, j'ai eu pour ambition de créer un blog pour en faire mon métier. J'ai été inspiré par des blogueurs connus comme Olivier Roland ou Tim Ferris, dont j'ai lu le livre "La Semaine de 4 heures" qui m'a aidé à réaliser que c'était possible (car si on n'y croit pas, on ne prend pas la peine de se lancer, mais si on voit des exemples de gens qui ont réussi, c'est motivant). Je me suis donc longuement renseigné sur l'affiliation, le parrainage, la pub, la vente de liens et tous les moyens de monétiser un site internet. Ce n'est que bien après que j'ai découvert le référencement (SEO) et l'impact que cela peut avoir sur un site. J'ai donc tout appris sur le tas, en auto-didacte, et je parviens maintenant à vivre de mon blog (j'ai quitté mon travail chez Air France le jour de mes 30 ans).
A terme, je pense continuer le blog, peut-être effectivement écrire un livre, lancer des formations pour aider les gens à mieux gérer leur argent. Pourquoi pas développer ma chaîne Youtube, travailler auprès d'entreprises qui correspondent mieux à mes valeurs (plus écolo surtout). J'ajuste au fil de mes envies.
Comment vous êtes-vous formé à l'investissement ? Avez-vous des livres ou des sites à recommander, et pourquoi ?
Au départ, je ne connaissais rien. J'ai lu le livre d'Olivier Seban, "Tout le monde mérite d'être riche", qui m'a vraiment aidé à envisager d'autres pistes. Je le conseille fortement à tout le monde, en plus il est disponible gratuitement sur son blog en pdf. Ce n'est pas un livre miracle, mais il a planté des graines dans ma tête qui se sont ensuite développées. Ainsi, j'ai fini par investir dans l'immobilier, j'ai exploré la bourse, les actions, les ETF, les OPCVM... Autant de choses auxquelles je n'osais pas toucher avant car je pensais que c'était réservé aux riches. Le thème des finances m'intéressait déjà, mais Olivier Seban m'a aidé à accélérer mon apprentissage. Il faut bien réaliser qu'il est possible de devenir rentier immobilier même quand on ne gagne pas énormément d'argent.Je suis un grand fan de Tesla et d'Elon Musk. J'ai ouvert un compte-titres et appris à acheter des actions pour la première fois car je voulais absolument acheter des actions Tesla. J'estime qu'il est plus judicieux d'aider ce secteur à s'améliorer et développer des batteries plus propres plutôt que de laisser les banques utiliser mon argent pour aller chercher du pétrole toujours plus loin et le brûler inutilement dans l'atmosphère. Ce n'est ni bon pour l'humanité, ni même pour l'économie à long-terme. Pour moi, Tesla est un excellent investissement de long-terme. Nous verrons en 2025-2030 si j'ai eu raison :)
Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui souhaite faire des économies rapidement ? Quels sont les pièges à éviter ?
Il faut d'abord revoir ses dépenses. Tout passer au crible et résilier les abonnements superflus ou inutiles : les Amazon Prime, les Netflix, les options de forfaits... Changer d'opérateur, changer d'assurance. Les entreprises savent qu'on a la flemme de résilier une fois qu'on a signé un contrat. C'est bien pour cela que de nombreux opérateurs proposent des forfaits pas chers la première année, puis qui augmentent ensuite. Ils savent que la plupart des gens ne pensera pas à résilier. Il faut donc combattre cela et renégocier vos contrats.Il faut aussi apprendre à faire la cuisine soi-même et ne pas systématiquement céder aux sirènes des restaurants et autres Uber Eats. Je ne dis pas qu'il faut se priver, je pense simplement que cela doit rester occasionnel. Si on commande une pizza 3 fois par semaine, forcément, cela fera un trou dans le budget à le fin du mois.
Enfin, il faut savoir éviter les pièges de notre société de consommation. On n'a pas besoin d'acheter un nouveau smartphone à 1 000 euros chaque année. Les capsules de café, ça coûte très cher et ce n'est pas du tout écolo (même recyclées, leur fabrication et leur recyclage est infiniment plus polluant que de juste utiliser une cafetière classique et ainsi d'éviter la fabrication d'une capsule). On peut réparer ses objets au lieu de les jeter. On peut acheter une table d'occasion sur Le Bon Coin pour 10€ plutôt que de prendre celle d'IKEA qui coûte 5 euros plus cher et qui tiendra 10 ans de moins. Il faut voir le long-terme dans ses achats : ce que j'achète, est-ce que je l'utiliserai encore dans 5 ans, 10 ans ? Est-ce vraiment utile ou suis-je en train de jeter l'argent par les fenêtres ?
De nombreuses études montrent que les Français ont tendance à beaucoup épargner mais surtout sur des supports sans risques (fonds en Euros, Livrets réglementés). Qu'en pensez-vous ?
Par nature, l'humain a une aversion au risque. Nous préférons être sûrs de gagner 20 euros plutôt que tenter de gagner 100 euros mais avec une chance sur 10 de ne gagner que 10 euros. Mathématiquement, c'est la 2e solution qui est la plus rentable. La plupart des gens ne s'intéresse pas à la bourse car cela a la réputation d'être trop risqué. C'est le cas si on fait du trading, mais ce n'est pas le cas si on investit de manière raisonnée et régulière dans des trackers, par exemple. Quelqu'un qui met 100 euros par mois dans un ETF monde aura bien mieux fait fructifier son argent que quelqu'un qui met 100 euros par mois sur un livret A, et ce même en comptant les crises financières. Seulement, les gens ne s'y intéressent pas car cela parait obscur, compliqué et risqué. Pourtant, tout le monde a à y gagner.Et d'ailleurs, depuis quelques années, mettre de l'argent sur un livret A revient à perdre de l'argent puisque la rémunération ne couvre pas l'inflation.
Sans exagérer, il faut quand même accepter une petite part de risque. Paradoxalement, celui qui ne risque rien s'expose au risque de ne pas avoir assez de ressources sur ses vieux jours ou pour faire face aux évènements de la vie.
Avec la crise financière engendrée par le Covid-19, de nombreux particuliers se sont lancés en bourse, en espérant pouvoir faire de bonnes affaires. Qu'en pensez-vous ?
C'est sûr qu'il vaut mieux investir quand les prix sont bas. Cependant, il faut faire attention : nul ne peut prédire quand sera le point le plus bas. Il faut donc acheter petit à petit afin de lisser le risque, plutôt que d'essayer de deviner où sera le plus bas et de tout acheter d'un seul coup. Il faut aussi savoir identifier les entreprises qui ont les meilleures chances de résister à la crise (car on peut perdre son argent si elles font faillite !).Pour quelqu'un de novice, je conseille d'investir sur des ETF un petit peu chaque mois et ne plus y toucher. Pas besoin de suivre les entreprises, on met juste son argent et on laisse faire. Sur le long-terme, on est toujours gagnant car les marchés montent en moyenne de 8,5% par an, même en comptant les crises (c'est mieux que les 0,50 % du livret A). Oui, si notre système s'effondre, cette stratégie sera caduque. Mais si cela devait arriver, on aura certainement d'autres préoccupations, donc autant investir, ça ne mange pas de pain.
Ça a l'air facile dit comme ça mais c'est loin d'être aussi simple que ça en a l'air. Moi le premier, je fais encore des erreurs de débutant (j'ai récemment vendu des actions à un prix trop bas, pensant qu'elles retomberaient encore plus et que je pourrais en racheter moins cher), mais j'apprends et je m'améliore.
Cette crise du Covid-19 engendre de nombreuses incertitudes autour de l'investissement : risques sur certains actifs, incertitudes sur les taux immobiliers, les rendements locatifs, les futures règles fiscales, etc. Quels conseils avez-vous à donner pour affronter cette période ?
Je ne me permettrais pas de donner des conseils car je ne suis pas conseiller en patrimoine. Je peux toutefois vous dire comment je vois les choses et ce que je fais à titre personnel : je garde des liquidités que j'investirai lorsque j'estimerai que les marchés seront tombés assez bas (nous sommes en avril 2020 et je pense malheureusement que les bourses n'ont pas fini de s'effondrer cette année).Côté immobilier, j'attends de voir si les taux de crédits vont baisser (ce qui selon moi pourrait arriver si la BCE veut relancer l'économie) tout comme les prix de l'immobilier. Si les deux baissent, alors cela sera une aubaine pour les investisseurs immobiliers, même les plus novices. Si je peux emprunter 100 000 euros à 0,5 % pour acheter un appartement qui m'aurait coûté 120 000 euros à 1,5% avant la crise, et si en plus les banques sont encouragées à prêter aux particuliers plus facilement, il faut le faire sans se poser de questions. C'est une occasion en or de se constituer un patirmoine et encaisser un cash-flow positif tous les mois (c'est-à-dire une différence positive entre le montant des loyers et celui des mensualités de prêts).
Enfin, un dernier mot sur les cryptomonnaies et le Bitcoin : quel est votre avis sur ces nouveaux actifs ?
J'ai un avis quelque peu mitigé. En tant que technophile, j'ai longtemps été intéressé par la blockchain et les cryptomonnaies, et il ne fait aucun doute que la blockchain est une véritable avancée technologique. Cependant, je ne pense pas que les crypto-monnaies dans leur forme actuelle soient un bon investissement. Il s'agit d'actifs hautement spéculatifs et donc volatils et dangereux.L'utilisation la plus courante de ces cryptomonnaies est la spéculation (et le stockage de valeur, mais je pense qu'il est extrêmement risqué de placer ses économies en BTC en tant que valeur refuge). J'ai déjà payé des choses en Bitcoin "pour le fun", mais c'est encore loin d'être "mainstream" et ce n'est clairement pas l'utilisation la plus répandue.
Ce qui me gêne avec les cryptos, c'est qu'il ne s'agit pas d'un investissement dans une entreprise qui produit de la richesse ; on achète simplement des parts de quelque chose qui n'a aucune valeur intrinsèque autre que celle qu'on veut bien lui attribuer collectivement. C'est aussi le cas des monnaies classiques, à ceci près que leur valeur est encadrée et donc un minimum garantie par les banques centrales. Avec le Bitcoin, il n'y a aucun coussin de sécurité en cas de problème.
Je pense néanmoins que la blockchain a de l'avenir dans d'éventuelles futures cryptomonnaies régulées par les banques centrales (car pour l'instant, c'est le paradis des fraudeurs) ainsi que dans d'autres applications.
Merci encore à Marc pour cette interview très intéressante.
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